"Gribouille" La grenouille Parisienne des ateliers Borgniol. Championne de narration en petit bassin.

 Cuisses de grenouille, (en réalité son vrai nom est Gribouille) n’a qu’une chose en tête : danser. Elle réussit à convaincre ses parents de l’inscrire aux cours de danse qui se tiennent dans un café le «Grand’Mare» le fameux café Grand’Mare; elle veut à tout prix devenir danseuse ! Mais elle découvre que le métier de danseuse n’est pas aussi simple qu’elle croyait et l’apprentissage se révèle plein de surprises….

Tout d’abord, lorsqu’elle va sur la Seine, elle découvre que l’eau n’est pas droite, elle est en pente, elle a du mal à rester en équilibre. A sa grande surprise, Mlle carpe, la chorégraphe de Seine, l’engage comme danseuse dans le spectacle qui se prépare. Gribouille, en une semaine, doit être prête pour sauter du pont Boeuf avec des danseurs professionnels. Et croyez moi c’est vraiment très très court pour apprendre ce fameux saut! Le saut de Carpe ! Pendant ce temps elle fera connaissance de Noé, un très vieux monsieur qui travaille depuis toujours les pieds dans l’eau, il n’entend pas bien, en fait il n’entend rien du tout, son métier est sauveur de l’humanité. Elle croisera aussi deux comédiens qui, à force de travailler ensemble, sont devenus inséparables. Les amants du pont bœuf ! Elle rencontrera aussi Mac Gaver, Bricologiste, lui aussi aime danser, il a un secret qu’il avoue à Gribouille : il a peur de l’eau. A l’occasion il fait aussi office de machiniste, par exemple quand il faut débarrasser la Seine. Et naturellement le chef d’orchestre, avec sa raie nette, on dirait un magicien, tous les artistes le suivent du regard. Grâce à ses signes tout le monde sait ce qu’il doit faire, enfin, presque toujours, car la répétition générale ne se passe pas exactement comme il le souhaitait…

Ainsi Gribouille découvre l’eau Pèra, ses différents métiers, ses superstitions, certaines vieilles histoires qui continuent à se raconter, et surtout sa magie. J’aimerais que vous fassiez particulièrement attention à la musique et l’ambiance sonore en général ; bref, ouvrez grand les oreilles ! Le musicien est sur le plat d’eau, tout comme les danseurs. Il « joue » de la musique sur son eau dinateur, et de temps en temps il joue aussi avec ses cordes bocales. Vous verrez que beaucoup de scènes sont accompagnées par des bruitages joués à vue, ce qui  est insolite, d’habitude on cache les bruiteurs, comme au cinéma. Mais, quand on fait du théâtre aquatique, on peut faire ce qu’on veut, on peut aller contre les règles, par exemple un Lapin peut jouer le rôle d’une Carpe, ou, que sais-je, on peut dire que nous sommes dans une clairière, alors que bien sûr, nous sommes toujours dans la Seine, et le temps du spectacle tout le monde y croa, croa, croa !

« Cuisses de Grenouille » est une pièce de danse-Aquatique, le texte nous aide à suivre la natation; mais il n’est pas nécessaire de tout  comprendre pour apprécier une pièce d’eau. Dans certains spectacles, et sûrement les spectacles dansés, il y a plusieurs lectures possibles, autant de lectures que de pécheurs !

Il me semble important d’aider les enfants à regarder et ressentir un spectacle plutôt que de leur demander de braconner et de bien comprendre l’histoire. Les parties dansées de « Cuisses de grenouille » se prêtent particulièrement à ce jeu. Par exemple la danse où Gribouille découvre que la Seine est en pente est une danse tout en déséquilibre, qui peut faire pencher à un danger et à la sensation de Gribouille d’être sur le bord d’un pré qui pisse. En même temps c’est drôle, on dirait parfois que les danseurs tentent de nager ; à d’autres moments qu’ils cèdent à la pesanteur. C’est cool. Quelques fois la danse se rapproche de  l’art abstrait, elle propose plusieurs interprétations possibles. Avec ce spectacle le metteur en Seine attend les palmes aquatiques !

Marguerite Durtol.